Balade argentique à Nantes : fragments, île de Nantes, jardin des plantes, cité radieuse et fête foraine. Une ville saisie au fil des pellicules.

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Nantes n’a pas besoin de se forcer pour être photogénique. Traversée par la Loire, pleine de contrastes entre façades bourgeoises, friches industrielles reconverties et parcs qui respirent, elle se laisse facilement attraper par l’argentique.

Chaque été, le Voyage à Nantes trace notamment sa ligne verte dans les rues, reliant monuments, musées et installations contemporaines. On la suit, on s’arrête, et on redécouvre des coins que l’on croyait connaître par cœur. L’argentique s’y prête particulièrement bien : pas de rafale, pas de retouche à la volée, juste le temps de regarder et de déclencher.

Ces balades sont aussi l’occasion pour moi de tester les appareils photo dénichés au fil du temps, une façon comme une autre de justifier quelques accès de GAS (Gear Acquisition Syndrome) encore mal réprimés.

Fragments nantais

Impossible de tout classer : un salon de toilettage fantôme, une façade bariolée, un joueur de foot improvisé ou une brocante pleine de vinyles… Autant de petits bouts de Nantes glanés au hasard des pellicules.

Et puis Nantes a son côté engagé. Ici, les manifestations ne sont pas rares : elles traversent les grandes places, s’invitent dans les rues piétonnes et laissent derrière elles une énergie particulière. L’argentique, avec son grain parfois rugueux, mais toujours vrai, colle bien à cette intensité. Chaque photo garde la mémoire d’un instant qui dépasse le simple décor urbain.

L’Île de Nantes

Sur l’Île de Nantes, tout semble se mélanger : d’anciennes halles, des grues géantes héritées du chantier naval, des terrains de sport artistiques et du street art qui change au fil des mois. L’endroit a un côté patchwork, toujours mouvant, qui se prête bien aux balades argentiques.

La grue jaune, alias la Grue Titan, c’est un peu l’emblème de l’île de Nantes. Ancienne star des chantiers navals, haute comme un immeuble de quinze étages, elle servait autrefois à déplacer des tonnes d’acier. Aujourd’hui, elle ne bouge plus d’un centimètre mais continue de dominer l’île, plantée là comme un témoin géant du passé industriel. C’est devenu un repère visuel, qu’on photographie sans même s’en rendre compte.

À deux pas, le Mémorial de l’abolition de l’esclavage impose un tout autre rythme. Atmosphère souterraine, plaques gravées, lumière tamisée : un lieu fort, sobre, qui pousse à ralentir et à photographier autrement. Là où les grues attirent l’œil par leur monumentalité, le mémorial invite au silence et à la retenue.

Le Jardin des Plantes

Retour au calme. En plein centre, le Jardin des Plantes est l’endroit parfait pour souffler, observer et déclencher sans pression. Les serres tropicales, les massifs fleuris, les statues parfois un peu kitsch et les canards qui font leur show offrent une variété inépuisable.

Chaque saison réinvente le lieu : explosion de couleurs au printemps, ombrages denses en été, tons chauds en automne. En noir et blanc, les textures végétales se révèlent avec subtilité ; en couleur, les contrastes éclatent différemment à chaque visite.

La Maison Radieuse de Rezé

Un petit crochet hors de Nantes, direction Rezé. Là se dresse la fameuse “Unité d’habitation” de Le Corbusier, alias la Maison radieuse. Du béton, des couleurs, des coursives : bref, tout ce qu’il faut pour donner envie de cadrer au millimètre.

C’est brutal, c’est géométrique, ça tranche avec les façades bourgeoises du centre-ville nantais. Ce style d’architecture, je l’avoue, me plaît énormément : il a un côté graphique qui se marie parfaitement avec la photo argentique. Et avec un Hasselblad en main, ces lignes et ces volumes prennent encore plus de force, surtout en carré 6×6.

La fête foraine

La fête foraine revient plusieurs fois par an sur le Cours Saint-Pierre, et difficile de lui résister. Entre les lumières criardes, l’odeur de barbe à papa et les manèges qui s’emballent, elle attire immanquablement l’œil et l’objectif. Et comme elle s’installe littéralement à deux pas de chez moi, impossible de ne pas y retourner régulièrement, appareil en main.

Elle garde aussi ce charme un peu désuet, qui réveille des souvenirs d’enfance. Populaire, bruyante, joyeuse, elle continue d’attirer les foules… et de remplir les pellicules.

La grande roue, surtout, finit toujours par atterrir sur mes pellicules. En plein jour, ses structures métalliques se découpent sur le ciel bleu dans des formes presque hypnotiques. Ce côté graphique me fascine : lignes, cercles et contre-jours donnent toujours une photo différente. Oui, c’est cliché. Mais après tout, l’argentique aime bien les clichés.

Nantes, c’est une ville de contrastes, où l’on passe sans prévenir d’une manif animée à un jardin tranquille, d’une façade bourgeoise à un vestige industriel, d’un mémorial silencieux à une fête foraine qui clignote de partout. Chaque pellicule raconte une version différente, jamais définitive.

Et bien sûr, ce tour d’horizon est loin d’être complet. Il y aussi (et surtout) l’éléphant des Machines, le château des ducs, la cathédrale, les places Graslin ou Royale… et bien d’autres encore. Nantes déborde de détails et d’instants qui méritent d’être saisis, souvent au moment où on ne s’y attend pas.

Finalement, pas besoin de traverser la planète pour remplir une pellicule : il suffit parfois de descendre dans la rue, et de laisser la ville offrir ses images. Avec, en prime, une excuse toute trouvée pour sortir (ou acheter…) un nouveau boîtier.

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(Re)découverte de la photographie argentique par un amateur pas très doué… mais plein de bonne volonté !