Il y a des appareils qui marquent une vie de photographe. Et puis il y a le Hasselblad 500 C/M, qui s’installe doucement mais sûrement comme une extension naturelle de l’œil… et des mains (même si ces dernières doivent s’habituer à quelques centaines de grammes de plus). Depuis son arrivée dans ma collection, ce boîtier moyen format ne cesse de m’impressionner. À chaque déclenchement, ce “clac” net et précis évoque une époque où l’on fabriquait des objets pensés pour durer.
Un appareil à la fois robuste, simple, et d’une qualité optique rarement égalée… le Hasselblad 500 C/M coche beaucoup de cases. Et je comprends mieux pourquoi la NASA l’a embarqué dans l’espace !
Histoire et héritage du Hasselblad 500 C/M
L’histoire commence en 1957, lorsque Hasselblad lance le 500 C, le premier boîtier moyen format équipé d’un obturateur central (et non focal), garantissant une synchronisation flash à toutes les vitesses. Une petite révolution.






En 1970, la marque suédoise introduit le 500 C/M (“M” pour “Modular”), une version améliorée qui pousse encore plus loin le concept de modularité. On peut désormais changer plus facilement de verre de visée, et Hasselblad ajoute quelques raffinements mécaniques qui rendent l’ensemble encore plus fluide. Ce modèle sera produit jusqu’en 1994, preuve de sa robustesse… et de son succès !
Ce boîtier est vite devenu une référence auprès des professionnels du studio, mais aussi des amateurs exigeants. Certains l’ont qualifié de “Rolls-Royce” du moyen format… et ce n’est pas complètement usurpé.
Présentation visuelle du Hasselblad 500 C/M
Avant de plonger dans les caractéristiques techniques, il est essentiel de découvrir cet appareil sous plusieurs angles. Le Hasselblad 500 C/M est non seulement un outil performant, mais aussi un bel objet au design élégant et intemporel. Voici une série de photos qui mettent en valeur ses différentes parties :
- Le boîtier métallique robuste avec son levier d’armement caractéristique.
- Le viseur poitrine avec son capuchon repliable.
- Le dos film interchangeable, un des points forts du système modulaire.
- L’objectif Zeiss Planar 80mm f/2.8, souvent associé au 500 C/M pour ses performances exceptionnelles.









Ces photos permettent d’apprécier la qualité de fabrication du Hasselblad 500 C/M, son ergonomie, ainsi que la beauté de son design minimaliste.
Caractéristiques techniques
- Type : moyen format, reflex mono-objectif
- Format : 6×6 cm sur film 120 (ou 220)
- Obturateur : central (intégré à l’objectif), vitesses de 1 seconde à 1/500 s, + pose B
- Monture : Hasselblad V-System (objectifs Carl Zeiss à obturateur central Compur)
- Viseur : interchangeable (viseur poitrine d’origine, options prisme et loupe disponibles)
- Verres de visée : interchangeables (Acute-Matte conseillé pour plus de luminosité)
- Dos : interchangeables (magasins A12, A24, Polaroid, etc.)
- Déclenchement : mécanique, pas de piles nécessaires (sauf pour certains accessoires)
- Poids : environ 1,5 kg avec un Planar 80mm et un dos A12
On est sur un système modulaire : boîtier, viseur, verre de visée, objectif, dos… Tout est interchangeable ! Tu peux adapter la configuration à tes envies comme à tes besoins.
À l’usage
Première sensation : le viseur poitrine est un vrai bonheur. L’image est grande, lumineuse (surtout avec un verre Acute-Matte), et le carré 6×6 s’impose naturellement à la composition. Les lignes sont claires, et l’on prend le temps de construire une image réfléchie. Avec le Zeiss Planar 80mm f/2.8, l’ensemble est assez équilibré… même si on sent le poids après quelques heures !


Le rembobinage du film, via la manivelle, est précis et fluide. Le son du déclenchement est à lui seul un argument d’achat : sec, mécanique, rassurant.
Pour du portrait ou du paysage, c’est un régal. L’obturateur central permet une synchro flash à 1/500 s, parfait pour les ambiances lumineuses en extérieur avec un éclairage d’appoint.


Côté ergonomie, il y a un petit temps d’adaptation : penser à armer le boîtier, à retirer la plaque métallique qui protège le film, prendre les bonnes mesures d’exposition… mais une fois la logique acquise, tout roule.


Pourquoi choisir le Hasselblad 500 C/M aujourd’hui ?
Parce que c’est un appareil mythique, tout simplement. Il te donne accès à une qualité d’image exceptionnelle, grâce aux optiques Zeiss, et à une expérience de prise de vue unique : celle du moyen format argentique dans ce qu’il a de plus pur.
Le 6×6 offre une composition différente, plus posée, presque méditative. La modularité permet aussi d’évoluer avec le boîtier : changer de dos pour passer d’une pellicule couleur à une pellicule noir et blanc, installer un prisme pour du reportage ou rester sur un viseur poitrine pour du paysage.


Et c’est un appareil robuste, entièrement mécanique, réparable et conçu pour durer. Si tu entretiens ton 500 C/M, il accompagnera tes sorties photo encore de longues années.
Attention avant d’acheter !
Quelques points de vigilance, comme toujours sur du matériel de cet âge :
- Les rideaux : vérifie qu’ils sont bien en place et qu’ils ne sont pas déchirés (le mécanisme de verrouillage est parfois délicat).
- Les dos A12 : l’étanchéité à la lumière (light seals) doit être nickel. Si tu vois des fuites de lumière sur tes films, c’est souvent de là que ça vient.
- Les obturateurs centraux : ce sont eux qui font le job. Ils peuvent avoir besoin d’un CLA (Clean, Lubricate, Adjust) pour rester précis.
- Le poids : ce n’est pas un boîtier de poche (on est loin du Rollei 35 S !). Prévoyez une bonne sangle ou un trépied si vous partez en balade.
Mon avis personnel
Depuis que j’ai le 500 C/M, il est devenu mon compagnon de prédilection pour les séances posées. Que ce soit sur la côte bretonne, à Lyon ou dans les ruelles de Nantes, il impose un rythme, une rigueur… mais te le rend au centuple dès que tu récupères tes scans.


C’est un appareil qui te force à ralentir, à observer, à construire. Et franchement, dans le monde ultra-rapide d’aujourd’hui, c’est presque une forme de méditation !

