L’univers de la photographie argentique peut sembler complexe au premier abord, avec ses termes techniques, ses différents formats et ses subtilités. Mais une fois qu’on y plonge, c’est un véritable terrain de jeu créatif, où chaque pellicule offre un rendu unique.
Si vous êtes novice en photographie argentique ou simplement curieux de mieux comprendre les différentes pellicules disponibles, cet article est pour vous. L’objectif ? Vous aider à choisir la pellicule qui correspond à vos besoins et à votre style, que vous soyez amateur de portrait, de paysage, de street photography ou d’expérimentations en noir et blanc.
Petite anecdote : Pelloche, le nom de ce blog, vient tout simplement de l’appellation familière que l’on donnait aux pellicules il y a quelques décennies. Demander une « pelloche » en magasin, c’était demander un rouleau de film !
Qu’est-ce qu’une pellicule argentique ?
La pellicule argentique est un support photosensible qui réagit à la lumière pour créer une image. Contrairement au numérique où les images sont capturées par un capteur électronique, ici, la magie opère grâce à une couche d’émulsion chimique qui enregistre la lumière.

On distingue principalement deux grandes familles de pellicules :
- Les pellicules couleur (négatif ou diapositives) qui restituent les teintes naturelles ou saturées selon leur formulation.
- Les pellicules noir et blanc qui jouent sur les nuances de gris, avec souvent un grain caractéristique très apprécié.
Les différents formats de pellicules
Il existe plusieurs formats de pellicules, chacun ayant ses spécificités en termes de rendu, de résolution et de possibilités créatives.
1. 35mm (Format le plus courant)
- Utilisé dans la majorité des appareils photo argentiques.
- Dimensions : 24×36 mm par cliché.
- Pellicules en rouleaux de 24 ou 36 poses.
- Avantages : Disponible partout, compatible avec un grand nombre d’appareils.
- Inconvénients : Moins de détails qu’en moyen format.
2. Moyen format (120 / 220)
- Utilisé dans les appareils moyen format comme le Hasselblad 500 C/M ou le Yashica Mat 124G.
- Dimensions variables : 6×4.5, 6×6, 6×7, 6×9…
- Moins de poses par pellicule : 8 à 16 selon le format.
- Avantages : Meilleure définition, superbe rendu du grain.
- Inconvénients : Coût plus élevé, appareils plus encombrants.
3. 110 (ou format Pocket)
- Petit format populaire dans les années 70-80.
- Dimensions : 13×17 mm.
- Très compact, mais qualité limitée.
4. Large format (grand format)
- Utilisé par les appareils à soufflet ou chambre technique.
- Films en feuilles : 4×5″, 8×10″, etc.
- Excellente définition, mais compliqué à manipuler.
La notion d’ISO
L’ISO mesure la sensibilité de la pellicule à la lumière.
- ISO bas (50, 100, 200) : Idéal en pleine lumière. Grain fin, détails précis.
- ISO moyen (400) : Polyvalent. Convient à beaucoup de situations, que ce soit en intérieur ou en extérieur.
- ISO élevé (800, 1600, 3200…) : Idéal pour la basse lumière ou les conditions difficiles. Grain plus marqué, mais qui peut être recherché pour son caractère esthétique.
Contrairement au numérique où l’on peut changer la sensibilité à chaque photo, en argentique, l’ISO est fixé pour toute la durée de la pellicule.

Conservation des pellicules
Une pellicule argentique, c’est fragile. Pour obtenir de bons résultats, il faut respecter quelques règles de conservation :
- Avant exposition :
- Conserver les pellicules au frais (idéalement au réfrigérateur).
- Les sortir avant utilisation pour éviter la condensation.
- Après exposition (avant développement) :
- Les conserver dans un endroit sec, à l’abri de la chaleur.
- Les stocker dans un endroit sombre pour éviter toute détérioration prématurée.
- Pellicules périmées :
- Possibilité d’obtenir des rendus inattendus (teintes décalées, grain marqué).
- Pourquoi certains photographes recherchent ce type d’effet.
Les films cinéma adaptés pour la photographie
Certaines marques proposent des pellicules adaptées à partir de film cinématographique qu’elles conditionnent elles-mêmes en format 35mm ou moyen format. C’est souvent le cas des pellicules à haute sensibilité utilisées pour les tournages en faible lumière.
- Cinestill : L’une des marques les plus populaires dans ce domaine. Leur Cinestill 800T est issue d’un film cinéma Kodak Vision3 500T, mais sans sa couche anti-halo, ce qui permet de l’utiliser en photographie classique.
- Lomography : La marque propose plusieurs films dérivés de films cinéma, notamment des films à haute sensibilité pour des rendus particuliers.
Cette pratique permet de proposer des pellicules au rendu unique, souvent adaptées pour des conditions spécifiques comme la basse lumière ou les effets créatifs.
Histoire récente des films photographiques
L’histoire récente de la photographie argentique est marquée par un phénomène inattendu : un regain d’intérêt pour les pellicules, alors que le numérique semblait avoir définitivement pris le dessus. Depuis les années 2000, la photographie numérique s’est imposée comme le standard, reléguant les films argentiques au rang de reliques pour amateurs nostalgiques ou artistes en quête de rendu particulier.

Cependant, au cours de la dernière décennie, on a observé un véritable retour de l’argentique. Ce renouveau est dû à plusieurs facteurs :
- Une quête d’authenticité et de créativité : Le rendu unique des pellicules, avec leur grain, leur contraste et leur profondeur de champ naturels, séduit de nombreux photographes lassés par la perfection aseptisée du numérique.
- Un mouvement culturel rétro : Comme le vinyle en musique, les pellicules reviennent en force chez les amateurs de vintage.
- Le succès sur les réseaux sociaux : Des plateformes comme Instagram ont contribué à populariser à nouveau les photos argentiques, notamment chez les jeunes générations qui n’ont pas connu cette époque.
Plusieurs marques ont profité de ce regain d’intérêt pour relancer ou maintenir la production de pellicules :
- Kodak a surpris le monde de la photographie en relançant la production de la Kodak Ektachrome en 2018, une pellicule diapositives légendaire arrêtée quelques années plus tôt. Plus récemment, la marque a confirmé un investissement important pour augmenter sa capacité de production, face à une demande en forte hausse.
- Ilford a continué à produire des pellicules noir et blanc de grande qualité, se maintenant comme une référence incontournable.
- Fujifilm, en revanche, a progressivement réduit sa gamme de pellicules couleur pour se concentrer principalement sur l’Acros 100 en noir et blanc.
- Lomography a profité de cet engouement en proposant des films créatifs, souvent avec des rendus expérimentaux ou des effets particuliers.
- Cinestill a également su tirer son épingle du jeu en proposant des films issus du cinéma, adaptés pour les appareils photo classiques.
Aujourd’hui, la photographie argentique n’est plus un simple vestige du passé. Elle est devenue un véritable mouvement artistique, un choix conscient de nombreux photographes amateurs et professionnels cherchant à se démarquer.

Les principales marques de pellicules argentiques
Aujourd’hui, plusieurs marques continuent de produire des films argentiques de qualité :
- Kodak (Portra, Ektar, Tri-X, Gold, etc.)
- Ilford (HP5 Plus, FP4 Plus, Delta 3200, etc.)
- Fujifilm (Pro 400H, Acros 100, etc.)
- Cinestill (800T, 50D)
- Lomography (Lomo 800, Lomo Purple, etc.)
- AgfaPhoto (APX 100, APX 400)
D’autres marques émergent également, souvent spécialisées dans des pellicules au rendu particulier ou périmées pour un effet vintage.
Conclusion
Voilà un tour d’horizon des principales caractéristiques des pellicules argentiques. Comprendre ces notions de formats, d’ISO ou de conservation est essentiel pour bien choisir sa pellicule et obtenir les résultats souhaités.
Que vous soyez débutant ou photographe aguerri, le choix de la « pelloche » reste un élément clé pour obtenir des images qui vous ressemblent. Et si ce mot vous semble un peu désuet, c’est justement tout le charme de l’argentique !