Sorti en 1973, l’Olympus Pen EE-3 est l’un de ces petits appareils qui résument à eux seuls toute une époque. Demi-format, automatique, compact : il coche beaucoup de cases, sans chercher à en faire trop. Conçu pour celles et ceux qui voulaient un appareil simple, efficace et économique, il garde aujourd’hui encore tout son intérêt… et une certaine fraîcheur.
Un peu d’histoire
Lancée en 1959, la série Olympus Pen a été pensée dès le départ comme une alternative compacte, économique et grand public à la photographie 24×36 classique. À une époque où l’appareil photo restait souvent un objet coûteux et un peu intimidant, Olympus fait le pari d’un boîtier plus petit, plus simple, et surtout… plus accessible.
Le Pen EE (Electric Eye) apparaît en 1961. C’est l’un des premiers appareils à proposer une mesure automatique de l’exposition grâce à une cellule sélénium, placée autour de l’objectif. Pas besoin de pile, pas de réglage manuel : l’exposition est calculée toute seule, en fonction de la lumière. C’est le début du point & shoot à la japonaise, bien avant que le terme existe.

Le Pen EE-3 arrive en 1973. Il succède au Pen EE-2 avec très peu de changements visibles. Le plus notable : un mode flash plus explicite, qui fige l’ouverture à f/3.5 et la vitesse à 1/40s. Pour le reste, on retrouve le même fonctionnement automatique, le même objectif fixe de 28 mm f/3.5, et toujours cette cellule sélénium intégrée.
C’est un appareil de son temps, conçu pour accompagner les vacances en famille, les pique-niques dominicaux et les balades sans prétention. Un vrai outil de démocratisation de la photo, qui permet à chacun de ramener ses souvenirs, sans trop se poser de questions techniques.
Demi-format, double plaisir
Ce qui rend le Pen EE-3 si attachant, c’est surtout son format demi-cadre (18×24 mm). Une pellicule 36 poses donne ici 72 images. De quoi photographier sans se brider, tester, se rater, recommencer… et aussi composer des diptyques, ces paires d’images qui se répondent ou se confrontent.

L’appareil impose une orientation portrait par défaut. Pour faire une image en paysage, il faut simplement le tourner. On s’y fait très vite.
Caractéristiques techniques
- Objectif : D.Zuiko 28mm f/3.5 (équivalent 40mm en 24×36)
- Ouverture : automatique via cellule sélénium, ou f/3.5 en mode flash
- Vitesse : 1/200s ou 1/40s (automatique)
- Mise au point : fixe
- Cellule : sélénium (pas besoin de pile)
- Chargement : manuel, levier d’armement
- Format de film : 35mm (demi-format)
- Dimensions : 108 × 66 × 44 mm
- Poids : environ 335 g







Pas de mise au point, pas de choix d’ouverture, pas de pile : c’est du point & shoot à l’ancienne, dans ce que cela peut avoir de plus agréable. La cellule sélénium fonctionne généralement encore très bien, même après 40 ou 50 ans.
Autre détail amusant : l’objectif présente une troisième échelle marquée “GN 14”, conçue pour un flash au nombre-guide de 14. Olympus proposait justement un petit flash dédié, le PS200. Je n’utilise presque jamais de flash, mais j’ai fini par en dénicher un. Il se monte parfaitement sur le Pen EE-3, jusqu’à respecter l’orientation verticale du demi-format. Mieux encore : sa puissance est parfaitement compatible avec l’échelle dédiée. Je ne l’ai pas encore testé en conditions réelles, mais j’aime déjà le duo, rien qu’à les voir ensemble. À suivre…

À l’usage : simple et agréable
C’est typiquement un appareil qu’on emporte toujours avec soi. Il se glisse dans une poche, se dégaine vite, ne fait pas de bruit. Le viseur est clair, l’alerte de sous-exposition (petit drapeau rouge qui apparaît dans le viseur) est efficace, et l’ergonomie est d’une simplicité désarmante.

Côté optique, le Zuiko 28 mm f/3.5 n’a rien de tape-à-l’œil sur le papier, mais il fait le job avec panache : belles images, contrastes agréables, rendu typiquement argentique. Évidemment, le grain est plus visible en demi-format. Mais ça fait aussi partie du charme.
Un appareil parfait pour créer des diptyques
Le Pen EE-3 est un appareil demi-format : chaque photo occupe la moitié d’un cadre 24×36. Sur une pellicule de 36 poses, on obtient donc 72 vues, présentées deux par deux sur la même bande de film. Ce format ouvre la voie à une pratique très ludique : le diptyque.

Chaque paire d’images est physiquement liée. Elles seront toujours côte à côte au développement ou au scan. Cela permet de jouer, d’anticiper, de composer. On peut raconter une petite histoire, créer un contraste graphique, ou simplement laisser le hasard faire les choses.

Certains diptyques naissent par accident : deux photos prises à la suite, sans préméditation, qui se répondent malgré tout. D’autres sont construits avec soin : en jouant sur les couleurs, les lignes, les formes ou les sujets.
Quelques exemples simples :
- deux cadrages du même lieu (large et détail),
- deux scènes prises à quelques secondes d’écart,
- un plein et un vide,
- une symétrie, ou au contraire, un décalage volontaire.
L’exercice est à la fois créatif et décomplexé. Et l’Olympus Pen EE-3, avec son format vertical, sa cellule automatique et sa compacité, est parfaitement taillé pour ce type de jeu.
Même les ratés ont leur charme : un cadrage mal anticipé, un oubli, un faux raccord… Et parfois, un accident heureuxdonne une image plus forte que prévu.
Pourquoi choisir un Olympus Pen EE-3 aujourd’hui ?
Parce qu’il a ce charme immédiat des objets bien conçus, pratiques, efficaces. Il permet de photographier beaucoup sans se ruiner (72 photos par pellicule !), et de retrouver un plaisir simple de la photographie. Pas besoin de mode d’emploi, pas besoin de pile, pas besoin de réfléchir longtemps. On cadre, on déclenche (un peu dans la même philosophie que le LOMO LC Wide).

C’est un excellent choix pour :
- débuter l’argentique sans se prendre la tête ;
- expérimenter des diptyques (grâce au demi-format) ;
- s’essayer au street photo ou au reportage discret.
- et s’amuser !
Autre point fort : son prix. On trouve encore de très beaux exemplaires fonctionnels autour de 90 à 120 €, parfois un peu moins avec de la patience. À ce tarif, c’est une belle porte d’entrée dans l’univers argentique, et une alternative sérieuse aux appareils jetables.

Et si ce format demi-image vous semble désuet, sachez que Pentax a relancé en 2024 un appareil argentique entièrement neuf : le Pentax 17, lui aussi en half-frame 18×24 mm. Une preuve que ce format n’a pas dit son dernier mot ! Bien sûr, le Pentax 17 offre des réglages plus avancés (mise au point manuelle, vitesses…), mais son prix neuf avoisine les 500 €.

Face à cela, l’Olympus Pen EE-3, avec son fonctionnement automatique à la cellule sélénium (sans pile) et son rendu rétro immédiat, conserve un charme fou… et un excellent rapport plaisir/prix.

À surveiller avant d’acheter
- Cellule sélénium : elle est censée fonctionner sans pile, mais certaines sont mortes ou très fatiguées. À tester avant achat.
- Étanchéité de la porte : vérifier les mousses.
- Propreté de l’optique : champignons, poussières, rayures.
- Avancement du film : le système d’armement peut parfois fatiguer.
- Pas de mise au point : ce n’est pas un défaut, mais à savoir. Le sujet doit être à plus de 1,5 m pour une netteté optimale.

2 réponses
J’ai aussi un Olympus Pen (EE2) et je l’adore !
L’appareil parfait au quotidien.
Le mien est dans son jus, mais fonctionne toujours très bien après 60 ans. Même la cellule.
Ah, le EE-2… le grand frère au look patiné, toujours partant pour une virée.
Quand je pense que certains appareils tombent en panne au bout de deux ans, et que le tien shoote encore comme si de rien n’était après six décennies… Respect.
Et longue vie à sa cellule !